La bonne samaritaine [PV Finlay MacRory]

Je soupirais pour la septième fois en vingt minutes, tout en tournant inlassablement la cuillère au fond de ma tasse vide; Signe de l'ennui qui me rongeait. Je n'avais jamais été patiente, et ce n'est pas aujourd'hui que ça allait changer.
Un vampire reposait dans mon lit, mais ne semblait pas décidé à se réveiller à mon plus grand désarroi.

Je dévisagais discrètement la jeune femme qui buvait un thé face à moi. Elle était belle, fraîche, mais terriblement ennuyante. Qu'importe, je ne l'avais attirée chez moi que dans le seul but qu'elle serve de repas à un vampire en bien piteux état. Je ne pus retenir un sourire en coin. Il était certes bien amoché, mais surtout bien charmant.



Cela faisait maintenant quelques semaines que j'étais devenue l' "acolyte" d'Alucard, et qu'il m'avait conféré nombre de pouvoirs, mais rien avait réellement changé. Je ne refléchissais pas plus loin que le bout de mon nez et m'en contre-fichais : je voulais m'amuser. J'appréciais la compagnie du Nosferatu, et j'aimais apprendre chaque jour plus à ses côtés. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de le faire tourner en bourrique, de faire l'inverse de ce qu'il attendait de moi.

Ce matin comme tant d'autres, j'avais décidé de faire ce qui me plaisait : traîner dans les rues, séduire hommes et humains, visiter et apprendre de cette ville.
Je fus enchantée par ma découverte, un coin de rue à côté de l'hôpital, où j'avais été attirée par l'odeur d'un vampire, et une petite odeur de carbonisée qui m'intriguait.
Au sol gisait effectivement un corps. Le vampire ne devait pas être tout jeune, mais s'était probablement fait carboniser par un autre vampire quelque peu sadique, au vu de son état. Quoi d'autre que le feu pouvait acculer un vampire à cette extrème ? Je m'agenouillais à côté, et soulevais sans gène ses cheveux, sa veste féminine, afin de l'observer. Ses vêtements étaient en lambeaux.
Je passais ma langue sur mes lèvres, tout excitée par cette situation inattendue. Il était inconscient, et murmurait parfois un prénom féminin. C'était autre chose que je devrais approfondir : si c'était la propriétaire de la veste, son odeur était délicieuse. Peut-être me laisserait-il y goûter ?
Je refléchis rapidement à la meilleure façon de tirer partie de cette rencontre. Je devais bien pouvoir faire de lui un amant, un allié, un jouet, qu'importe en fait : j'étais tout d'abord curieuse de connaître sa pitoyable histoire, juste pour nourrir ma curiosité.
-"Elnaria..."
Je secouais la tête, blasée.
-"Oué, oué, on a compris, t'as la dalle et tu voudrais croquer d'la Elnaria, mais change de disque, tu veux ?"
J'haussais les épaules, juste avant d'y hisser le poids inerte. Avant d'avoir reçu d'Alucard des pouvoirs, juste cela m'aurait été difficile. C'était un jeu d'enfants maintenant, je n'étais plus un vampire de bas-étage.
Je ne cherchais pas à presser le pas, satisfaite de voir les regards stupéfaits converger vers cet étrange tableau : une frêle femme entichée d'une robe bustier portant sur son dos un homme inconscient, en sifflotant de surcroit.

Voila comment je m'étais retrouvée chez moi, à attendre le réveil du beau vampire assoupi. Je m'étais entre-temps vêtue d'un kimono, pour faire bonne impression, et avait trouvé au coin de la rue une jeune femme qui avait accepté sans broncher de venir boire un thé dans ma demeure. J'étais un aimant, c'était indéniable.

J'entendis un bruissement de draps dans ma chambre, je m'excusais donc quelques secondes auprès de mon invitée pour guetter le réveil du vampire.
Malgré les circonstances, il dégagait une élégance surprenante, et imposait une certaine admiration. Tout était beauté chez lui, son visage parfaitement dessiné encadré de ses cheveux bruns, épars sur l'oreiller. J'avais décidé de ne pas retirer ses vêtements, afin de ne pas l'offusquer, mais avait chez moi des vêtements de certaines anciennes conquêtes qu'il pourrait passer par la suite. Je me mordillais un ongle, impatiente.
Lorsque ses paupières finirent par s'ouvrir sur de magnifiques prunelles dorées, je l'accueillis d'un sourire que je feins plein d'inquiétude et de compassion.
"Vous sentez-vous mieux ?" J'écartais une mèche qui barrait son visage. Je travaillais chaque intonation pour que ma voix soit douce, maternelle.
Sans attendre sa réponse, je fis quelques pas en arrière, et murmurais dans l'entrebaillement de la porte :
"Misuzu ? Mon invitée se leva instantanément. Venez, je vous prie."
Je la pris par la main, et la fis asseoir sur le bord du lit où était encore ensuqué le vampire. Elle semblait comme se rendre compte de rien, obéissant simplement à mes ordres.
"Voilà pour vous, très cher. Je pense que vous irez mieux après..."
Je m'appuyais contre le mur, afin de ne pas louper une miette du spectacle. Il devait être affamé, et la scène allait donc être jouissive pour moi.